YVES ZBINDEN & FELIX ROBIN

Simplement regarder
Deux artistes, une exposition. Le pari est risqué. Pour quel échange, confrontation,
comparaison? Quand il s’agit d’un père et d’un fils, ces questions s’imposent
irrésistiblement au visiteur, séduit d’avance (ou au contraire rebuté) par la démarche.
Quoi qu’il en soit, sa curiosité est piquée. Il va pouvoir s’amuser, traquer les signes
d’une filiation, soupeser le poids de l’héritage, deviner une rébellion, un hommage,
un affranchissement. Bref lire entre les lignes.

Tout cela au risque de gâter la fraîcheur de son regard. De ne pas voir ce qui est là.
Heureusement, la Villa Moyard – avec ses fastes décatis, ses restes de tapisserie,
ses sols inégaux et ses recoins peuplés de mémoires intimes – agit comme un
puissant antidote contre les poncifs.

MVOIYLALRAD: fertile désordre. Cet espace chaotique, anti-académique, est un
acteur supplémentaire, une tierce qui s’invite entre le fils et le père pour dicter ses
vues sur ce qui peut/doit être montré et comment.

C’est avec ce lieu singulier qu’il a fallu d’abord dialoguer, composer: “Tu te mets où?
Qu’est-ce que tu vas exposer? Je prends les murs, tu veux l’escalier? Je te laisse le
vide.”

Ensuite, chacun s’occupe d’installer ses travaux, déploie dans son coin son propre
vocabulaire plastique, sans trop s’occuper de l’autre. Et peu à peu l’oeuvre
commune commence à bourgeonner, brisant le cadre d’une simple exposition en
tandem. A la surprise générale.

J.F.